• Un long voyage

     

     

    De ma puissante étrave,

     

    j’ai ouvert les fleuves

     

    et fendu les océans.

     

    Certains mouraient

     

    dans mon sillage

     

    effervescent.

     

    J’ai offert mon torse

     

    aux soleils inventés,

     

    piétiné de mon insolence

     

    les envieux qui voulaient

     

    m’arrêter.

     

    Je me suis brûlé aux astres

     

    incandescents,

     

    j’ai hurlé dans le vide

     

    du désastre velouté

     

    des étoiles,

     

    et pleuré quand seuls

     

    tissaient leur toile

     

    les phosphènes de mes yeux.

     

    Puis j’ai sombré dans

     

    tous les Enfers

     

    qu’ils soient pavés

     

    de bonnes intentions

     

    Ou non.

     

    J’ai erré de rue en rue

     

    de rut en rut

     

    ma renommée précédait

     

    ma turgescence

     

    et j’étais bouc, satyre et Priape,

     

    j’écumais les lieux de vice

     

     et les boxons mal famés.

     

    J’ai exploré les charniers

     

    de toutes les guerres,

     

    rampé sous les barbelés

     

    campé dans les ossuaires...

     

    J’ai rompu mes amarres

     

    et quitté mon pays,

     

    j’ai bu dans les mares

     

    de contrées inconnues

     

    où les miasmes délétères

     

    attendaient ma venue.

     

    Nulle part, nulle part,

     

    Nulle part

     

    Je n’ai vu ton visage.

     

    Alors, je suis revenu

     

    De mon terrible voyage.

     

     

     

     

    Et tu m’attendais. Là.

     

     

     

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